Musiques et instruments traditionnels Africains

Lors de ce dernier voyage j'ai eu la chance et le privilège d'etre initié à la fabrication du Goni (frère jumeau de la Kora), instrument emblématique de la musique d'Afrique de l'ouest avec le Djembé ou le Balafon.

Lorsqu'on evoque l'Afrique on evoque forcément son incroyable richesse musicale.
Plus qu'un passe temps, la musique, la danse et le chant sont de veritables instruments de communication et de relation sociale.
Fêtes, célebration, spiritualité, religion, la musique est partout, à tout moment de la vie.
Je souhaite développer un peu un des aspects de ce monument culturel en partageant avec vous l'experience acquise avec Mathieu Paré, artiste, artisan et véritable professeur, le temps d'un voyage musical.

Je commencerai donc par le Goni.


Ci dessus, Mathieu au Kanéa, Esaïe au Goni.

Le Goni, proche jumeau de la Kora.
Il s'agit d'instruments à cordes, constitues d'un corps spherique en calebasse, d'un manche en bois et d'un chevalet vertical, portant les cordes et reposant sur une peau tendue...
Les cordes sont attachées au manche et de longueurs décroissantes.
Une petite illustration peut etre... essayez de voir ici
http://www.percussion-africaine.net/le-n-goni.php
Les différences entre Goni et Kora sont subtiles.

La kora est d'origine madingue (Guinée, Mali).
C'est un instrument de virtuose qui comporte de 18 à 22 cordes (environ).
Les cordes sont jouées du bout des doigts, les main eloignées, reposant sur deux "cornes" s'ecartant de part et d'autre du manche.
De plus il semble que la calebasse soit coupée presque à la moitié, donnant une forme hemispherique au corps.

Le Goni, rencontré en pays dogon et dans le nord du burkina est plus modeste.
Il ne comporte que 6 à 12 cordes.
Celles ci sont jouées avec les doigts et souvent etouffées avec les mains ou "frisées" avec le dessus d'un ongle.
Ce jeu très "rythmisant" (oui j'ai le droit d'inventer des mots !) est rendu possible par la présence de deux baguettes (parfois une seule) qui se rapprochent du manche.
Les cornes etant toujours présentes, ce dispositif n'apparait souvent que sur les plus grands gonis.
Ici la calebasse n'est emputée que d'un quart ou d'un tiers et conserve cette jolie forme presque sphérique caracteristique.

Ces deux instruments sont très similaires, le nombre de cordes et la decoupe de la calebasse sont les meilleurs repères je crois...

On peut distinguer, pour les puristes
-Le "Donzon n'Goni" : goni du chasseur, de 6 à 8 cordes.
Il joue pour le conteur, accompagne le récit, racconte l'histoire.
J'aime à penser qu'il doit etre un peu grand pour proposer des notes profondes et graves.
-Le "Kambéléo n'Goni" : Goni du jeune homme, de 10 à 12 cordes.
Il joue pour le danseur, chante la mélodie, entraine les jeunes.
Comme la guitare "contient" la basse, le second "contient" le premier.

La suite au prochain épisode...

Petite mise à jour pour ceux que cela intéresse, avec un lien vers le site de Simon Gweltas, excellent !
http://www.korawalla.org/accueil.html

Les accordages sont capitaux, c'est ce qui donne à l'instrument sa langue.
Ici, au Burkina, la langue musicale est l'accordage:
La, Do, Ré, Mi, Sol, La.
C'est un accord pentatonique, les spécialistes du solfège pourraient en dire plus. un ptit wiki pour le fun http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_gammes
Avec ça, on accorde tout et on joue toute la musique traditionnelle !!!
Donc inutile d'essayer de jouer du Bethoven avec ça !
Une fois accordé,l'instrument joue presque tout seul ! essayez sur un piano ou une guitare de ne jouer qu'avec ces notes et surprenez vous du résultat!
Effet garanti !

Voici un instrument formidable !

ci dessus, le pandia de Mathieu, en pleine démonstration...

la dénomination "scientifique" est: cordophone.

Il s'agit d'une sorte de harpe... en pailles de mil !!!
Cela se présente comme une plaquette de brins de paille ranges les uns contre les autres et maintenus en haut et en bas par deux baguettes ficelées.
Ca à l'aspect d'un "radeau" de paille.
Là ou ca devient intéressant c'est que certains de ces brins voient une bande de leur ecorce soulevée, constituant une sorte de corde
Celle ci est habillée de fibre végétale pour lui donner solidité, volume et resonnance.
Comme d'habitude un petit lien pour les yeux:
http://www.museedelamusique.gov.bf/textes/visite_virtuelle.html

et pour le plaisir des oreilles :
http://www.adem.ch/griots08/audio/Tianhoun.mp3

voila un instrument resolument original et il semble qu'on ne le trouve qu'au Burkina-Faso.

Pour ce qui est du nom, je suppose que tianhoun est le nom le plus usuel (en mooré ou en dioula) mais en langue San (les Samo) on l'appelle Panda (au nord) ou Pandia (au sud).

A la prochaine...

Voilà un grand monsieur à qui j'avais demandé l'année dernière de bien vouloir accepter de former Eric à la confection et au langages de ces instruments traditionnels: Mathieu Paré, à Tougan.

Mathieu a non seulement formé Eric mais il lui a égalemnt transmis sa grande passion de la musique.

J'étais avec lui il y a moins d'une heure et il me disait combien il est heureux à chaque fois qu'il a la possibilité de transmettre un peu de son savoir.

Mille merci à toi, mon ami, mon frère, d'avoir donné de ton temps et de ton âme pour Benkadi.

Il existe bien d'autres instruments à cordes que l'incontournable goni...
Si vous avez la chance d'assister à une soirée de danse au village, vous entendrez surement les tambours des griots et des musiciens.
Mais si vous êtes dans le Sourou, comme à Gosson par exemple, vous entendrez aussi une drôle de guitare...

Il s'agit du "Toutou"
Non, pas celui qui couine quand on lui marche sur la patte...!!!
le pauvre...
C'est une sorte de guitare allongée à trois cordes.
On joue 4 ou 5 notes avec les deux longues, à vide et sur le haut du manche, la troisieme, plus courte joue une note unique, aigrelette...
C'est un instrument très rythmique et peu mélodique.
Les notes "colorent" les percussions des tambours, et font danser les mains...
Et voici les zoulies photos...


Un autre, même principe, facture différente...

Pour les photos il faudra encore un peu de patience même après mon retour en france car elles seront dispo sur le site: alors ce sera à Caillou de jouer!

Ca y est, les photos commencent à arriver.
Surtout, n'hesitez pas à en demander si vous trouvez qu'il en manque!

Assez répandu dans la région, le Lolo est un incontournable des fêtes, rassemblements et autres veillées.

Egalement appelé "arc à bouche" à cause de son apparence, il n'est absolument pas utilisable pour tirer des flèches.

La "corde" tendue entre les extémités est en fait un brin plat d'osier d'environ 6 mm de large pour 1mm d'épaisseur.

Il s'agit d'une sorte de guimbarde.
La bouche sert de caisse de résonnance, la langue fait varier le son, une main tient une baguette de percussion, l'autre tient l' arc et un baton qui permet de changer la note.

Ci dessous, Hyacinte, président de la mutuelle de Daka, qui nous a gratifiés d'une longue démonstration lors d'une réunion chez lui.



On m'a dit que le Lolo se joue à la tombée de la nuit, pour etre agréable aux génies...

voilà, on m'a offert le lolo et quelqu'un l'a transformé en toutou banawé... ah bravo!

Il existe encore d'autres instruments, mais pour une raison technique qui m'echappe, je n'arrive plus à mettre de photos...
Je dois encore parler du "toutou-banawé", puisque Line en parle et aussi du "Kanéa" dont joue Mathieu sur une des premières photos, mais la liste des instruments traditionnels est encore longue, je n'ai parlé que d'instruments à cordes mais il y a aussi des insruments à percussion, dont l'incontournable balafon, des instruments à lames, et quelques instruments à vent comme des sifflets et quelques flutes...
Un peu de patience donc, tout cela devrait arriver bientot.